Que s’est-il passé avec nos colibris en 2006 ?

Sélection d’habitats et utilisation des abreuvoirs par le Colibris à gorge rubis

Afin de comprendre comment un animal sélectionne son habitat ou comment il l’utilise, il est de mise de connaître les différentes composantes de l’habitat de l’animal étudié.  En ce qui concerne l’habitat de nos colibris, nous avons fait un inventaire rigoureux de la végétation et des fleurs qui se retrouvent sur les 50 hectares de champs, friches et forêts qui composent notre aire d’étude. Ainsi, le diamètre des troncs de chaque espèce d’arbres et arbustes est caractérisé de même que leur densité, leur hauteur ainsi que la densité du feuillage à différentes hauteurs dans la canopée. En ce qui concerne les fleurs, nous avons inventorié, une fois par mois, toutes les espèces de fleurs se retrouvant sur la grille de même que leur nombre et leur densité.  Ces données sur la flore sont essentielles pour mieux comprendre comment la présence de fleurs peut influencer l’utilisation de nos abreuvoirs par les oiseaux-mouches.  Chose intéressante, mais non surprenante, il y avait très peu de fleurs dans la forêt et beaucoup dans les champs et les friches. Par la présence de lumière directe et par le fait que le sol fût travaillé et renversé, exposant par le fait même les centaines de graines enterrées dans les premiers centimètres du sol, les champs et les friches offrent une diversité et une quantité de fleurs nettement plus élevée que les érablières et prucheraies matures.

Une fois l’habitat caractérisé, il nous restait à capturer, marquer et coller notre micro-puce sur le dos des colibris. Ces micros-puces sont en fait l’équivalent d’un code-barre, que l’on retrouve sur tous les produits de consommation, encapsulé dans du verre. Nous avons installé ces puces sur 92 colibris en 2006, 29 mâles adultes, 19 mâles juvéniles, 41 femelles adultes et 3 femelles juvéniles.

Un détecteur pour ces puces était installé sur chaque abreuvoir. Les déplacements et l’utilisation des abreuvoirs furent évalués par le temps et la fréquence des visites aux abreuvoirs sur la totalité de la grille.

Colibri mâle adulte équipé d’une puce en train de boire à un abreuvoir muni d’un détecteur. Remarquez que le colibri possède également une marque rouge sur la poitrine.

Bien que les données concernant l’habitat ont été notées, l’utilisation d’un habitat peu varié en fonction d’autres variables, comme la température et la variation de cette dernière à l’intérieur même de chacun des différents habitats. Pour ce faire, nous avons installé 1 thermocron dans chacun des habitats qui se retrouvent sur la grille. Un thermocron est un genre de thermomètre, gros comme un 25 sous, dans lequel nous pouvons programmer la fréquence de prise de mesure de température dans une journée. Ainsi, nous avons obtenu une prise de température à l’heure dans chaque habitat durant toute la durée de l’étude.  De cette manière, nous pouvons intégrer cette variable dans nos modèles d’utilisation d’habitat et ainsi nous pourrons mieux comprendre comment la température peut influencer les déplacements et l’utilisation des abreuvoirs sur la grille.  Quelques faits intéressants à noter, les écarts de températures sont plus grands dans les habitats très ouverts comme les friches et les champs et beaucoup plus stable dans les habitats de forêts matures. Ainsi, la présence d’arbres diminue les variations de température.

Minimum (°C)

Maximum (°C)

Type d'habitat

Écart (°C)

11,637

29,149

Conifère

17,51

11,152

29,181

Feuillu

18,03

10,654

30,184

Friche

19,53

10,654

32,679

Champ

22,03

Tableau 1 : Températures minimales et maximales enregistrées dans les différents habitats de la grille au mois de juillet 2006

Bien que le projet soit bien avancé, il reste encore beaucoup de travail à faire et d’analyses à réaliser avant d’être en mesure de bien comprendre comment les colibris utilisent leur habitat. Il y aura certainement plus de détails et de résultats dans les mois et les années à venir.

La migration 

Un autre volet du projet de recherche sur le colibri concerne la migration et les déplacements à grande échelle, soit à l’échelle de la province et de l’Amérique du Nord. En effet, en 2006, nous avons capturé 128 colibris à Stoke, dans l’Estrie. Lors de la migration printanière, des centaines de colibris s’arrêtent à cet endroit pour refaire leur réserve de graisse nécessaire à la migration. Les colibris sont donc capturés, bagués et marqués d’une tache de couleur (orange, rouge, bleue, verte, mauve ou jaune). Ainsi, une fois relâchés, ces colibris peuvent être observés aux abreuvoirs des passionnés, et ce, partout dans la province. En compilant les mentions d’observations de colibris marqués, nous serons peut-être en mesure de mieux connaître les corridors de migration des colibris et de mieux comprendre les stratégies de migration de ces fascinants oiseaux. De plus, le baguage de ces oiseaux nous permet d’évaluer le recrutement dans les populations, c’est-à-dire le nombre de jeunes produits des différents sexes. Ces activités de baguage nous permettent aussi de connaitre la phénologie de migration donc de connaître quels individus, en terme de sexe et d’âge, migrent en premier, etc.

En 2006, à cet endroit, nous avons donc capturé et marqué 66 mâles adultes, 22 mâles juvéniles, 37 femelles adultes et 3 femelles juvéniles pour un total de 128 individus. Grâce à la participation des observateurs, nous avons eu 4 mentions d’observations de colibris marqués en dehors de leur site de baguage. Trois d’entre elles furent rapportées en Estrie soit 1 à Windsor (13 km environ du site de capture), une à Fleurimont (environ 20 km), 1 à Saint-Denis-de-Brompton (4 km) et finalement, une mention à Rawdon, soit à environ 130 km à vol d’oiseau de Richmond. En tenant compte de tous les projets sur les colibris, un grand total de 155 individus ont été bagués et marqués et, faute d'avoir reçu les bagues à temps, 75 colibris supplémentaires furent seulement marqués d’une couleur.

Mâle juvénile marqué d’une tache orange sur la poitrine

Pour 2007, les projets continuent et nous espérons être en mesure de marquer encore plus d’individus, surtout durant la migration printanière. Nous comptons donc sur votre participation pour nous signaler vos observations de colibris marqués ainsi que les dates d’arrivée des premiers colibris dans votre cour. Vous trouverez toutes les informations nécessaires dans les différents onglets présentés sur ce site.

En espérant recevoir vos mentions d’observations.

Bonne migration!