Depuis longtemps, nous entendons dire que lors de leurs migrations, nos colibris doivent se payer la traversée du Golfe du Mexique, un périple de près de 1000 km, sans pouvoir s'arrêter pour se ravitailler ou se reposer. En effet, il semblerait que ces derniers doublent leur masse en accumulant du gras, passant d’environ 3g à 6g. Ainsi, cette réserve de graisse leur permettrait de faire la traversée, de nuit, sans avoir à refaire le plein durant leur voyage. Donc, si toutes les conditions météorologiques leur ont été favorables, les colibris arriveraient sur les rives du Golfe du Mexique environ 14 à 16 heures plus tard.
Une théorie comme une autre!
Certains individus le font peut-être, mais les moeurs du colibri de se déplacer non au hasard, sur de courtes distances, d'une source de nourriture à une autre, ne soutiennent pas cette thèse. Il faut donc essayer de démontrer que la majorité contourne cette grande étendue d'eau, en passant à l'ouest par le Texas, pour se rendre au Mexique et en Amérique centrale.
Pour le démontrer, il est essentiel d'avoir un certain nombre d'individus bagués, qui font le trajet et qui sont recapturés aux extrémités du trajet. Une partie du Projet colibris vise à nous fournir des données sur la migration, mais ce n'est pas si simple.
Sur l'ensemble de son aire, depuis que le baguage des colibris existe, au milieu du siècle dernier, aux alentours de 103 000 Colibris à gorge rubis furent munis d'une bague et de ce nombre, très peu (moins de 100) furent recapturés à plus de 500 km de l'endroit de leur première capture.
Au printemps 2007, une femelle baguée fut capturée à Saint-Denis-de-Brompton en Estrie, en provenance de Houston au Texas, une distance d’environ 2750 kms. Au printemps 2009, un mâle bagué fut capturé à Berthier-sur-Mer en Beauce-Appalaches, en provenance de Nacogdoches au Texas, une distance d’environ 2660 kms. Finalement, en août 2014, une femelle baguée fut retrouvée décédée à Saint-Damien-de-Buckland en Beauce-Appalaches, en provenance de Rockport au Texas, une distance d'environ 3330 kms.
Ce sont les premiers jalons pour étayer notre hypothèse et la motivation de poursuivre notre démarche.
Il m’est venu à l'idée de placer sur une carte les quelques déplacements connus ayant une distance respectable de leur point de départ. Ces données proviennent du bureau de baguage des oiseaux migrateurs du Service canadien de la Faune et de forums de bagueurs de colibris à travers le Canada et les États-Unis.
Et voilà ce que cela nous a donné! C'est très tendance!
Admettons que cela ressemble étrangement au parcours migratoire du papillon Monarque.
Hypothèse du parcours migratoire du Colibris à gorge rubis
Parcours migratoire du Papillon Monarque